Faut-il encore publier un rapport intégré en 2022 ?
En 2021, les dispositifs annuels des entreprises du SBF 120 comptaient 15 % plus de documents qu’en 2020. En cause, la multiplication des rapports experts : rapport climat, d’inclusion, social, d’éthique, etc. Face à cette inflation, les entreprises sont nombreuses à s’interroger sur l’utilité de conserver un rapport intégré : trop communicant pour les publics experts, trop expert pour des audiences plus larges, trop compliqué à produire en interne pour une performance réelle difficile à mesurer…
Les arguments sont nombreux, et pourtant : le rapport intégré, surtout communicant, présente une utilité réelle pour l’entreprise.
À travers notre analyse de la saison 2020-2021 des rapports annuels et intégrés, nous avons identifié trois valeurs ajoutées qui construisent la « raison d’être » du rapport intégré.
- Le rapport intégré est créateur de « brand safety ». C’est aujourd’hui le seul support qui présente les actions et le reporting de l’entreprise de manière désilotée, en lien avec sa vision et sa stratégie, en répondant à des exigences de clarté et de transparence. Plus identitaire qu’un document d’enregistrement universel, plus articulé que du « flux » digital, plus stratégique qu’un rapport expert, il apporte une vision de l’entreprise en mouvement qui permet de crédibiliser son discours stratégique.
- Le rapport intégré est créateur de « brand movement ». En évoluant vers le rapport intégré, les dispositifs annuels ont fait des parties prenantes le socle de leur discours. Qu’elles soient partenaires ou bénéficiaires de la stratégie, qu’on les remercie des actions menées ou qu’on les encourage à avancer demain à nos côtés, elles apparaissent comme l’alpha et l’oméga des actions menées. En cela, le rapport intégré joue un rôle capital pour démontrer la capacité de l’entreprise à engager un large écosystème à ses côtés.
- Le rapport intégré est créateur de « brand awareness ». Parce qu’il exige des entreprises qu’elles se positionnent au regard des tendances qui guident leur activité, le rapport intégré est aujourd’hui devenu un véritable outil d’analyse de la conjoncture. Plus riche, plus représentatif de l’expertise de l’entreprise, le décryptage des tendances constitue pour les lecteurs une réelle plus-value faisant du rapport intégré un instrument du thought leadership de l’entreprise.
Si les rapports intégrés peuvent choisir de mettre plus ou moins le curseur sur ces utilités, rares sont ceux qui ne cochent pas au moins l’une d’elles. Reste donc une question centrale: si les contenus du rapport intégré sont utiles, sont-ils réellement visibles des publics de l’entreprise ?
À l’image d’Apple (qui a traduit son Environmental Progress Report en données accessibles aux consommateurs sur son site commercial) ou de Danone (qui a transformé son rapport intégré en plateforme d’engagement autour de ses combats), certaines entreprises innovent pour « sortir » les contenus du rapport intégré de leur carcan. C’est sans doute là le dernier défi à relever pour rendre le rapport intégré incontestablement utile.